Rolan Gori, psychanalyste, répond au journal Marianne, sur différentes questions autour de l'homosexualité, le mariage pour tous, l'homoparentalité...
Pour faire taire les détracteurs de la psychanalyse, quelques extraits de cet entretien en lien.
Roland Gori : « la psychanalyse n'est pas un guide des mœurs »
Propos recueillis par Philippe Petit pour Marianne.
En plein débat sur le projet de loi autorisant le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe, le psychanalyste, et fondateur de « l’Appel des appels », Roland Gori, répond aux questions de Marianne, soulignant que cette demande de reconnaissance sociale des couples homosexuels témoignent, selon lui, d’une laïcisation de plus en plus forte des institutions organisant l’existence des individus.
Marianne : La loi Taubira concerne à la fois l'extension du domaine du mariage et l'application de nouvelles règles de filiations concernant les couples homosexuels? Les psychanalystes semblent très divisés concernant cette loi qui est débattue au parlement. Quelle est votre position?
Roland Gori : Il faut cesser d’instrumentaliser la psychanalyse. La psychanalyse est d’abord et avant tout une méthode spécifique mise en acte dans une pratique clinique et dont les connaissances proviennent de cette expérience. Et comme le dit Freud, ce dont on n’a pas l’expérience il faut le taire. Alors les psychanalystes qui s’expriment pour ou contre la loi Taubira sur le mariage gay ou l’adoption par des couples homosexuels, je ne suis pas sûr qu’ils aient beaucoup d’expérience clinique à apporter en la matière. Pas davantage que la psychanalyse sauvage des hommes politiques, ces spéculations psychologisantes autour des projets de loi ne possèdent de validité scientifique.
La psychanalyse n’est pas un guide des mœurs et un ensemble de prescriptions morales. Il faut rompre avec cette tendance des « experts » à idéologiser la psychanalyse ou tout autre mode de connaissance.
Concernant la loi Taubira les psychanalystes doivent d’autant plus être prudents que le mot « homosexualité » n’a pas le même sens dans le langage courant et en psychanalyse ?
Dans le langage courant, il s’agit d’un « comportement » concernant le choix d’un partenaire sexuel de même sexe ; en psychanalyse il s’agit non de ce que fait un sujet mais de ce qu’il est dans ce qu’il fait, c’est à dire d’une position psychique. Freud disait que « nul ne pouvait être tenu pour homosexuel en fonction de son choix d’objet ». Un homme peut se comporter comme un Don Juan et « consommer » sexuellement de nombreuses femmes tout en se révélant du point de vue psychique « homosexuel », pris dans un désir entièrement orienté par un désir pour des rivaux ou un défi à l’autorité paternelle. Il serait plus juste d’ailleurs de parler des homosexualités plutôt que de l’homosexualité.
Au début de la vie, l’être humain est bisexuel et ce n’est qu’au cours de son histoire qu’il s’identifie à un genre masculin ou féminin. Mais le féminin ne demeure pas le monopole des femmes, ni le masculin celui des hommes. Roland Barthes disait avec beaucoup de vérité que l’amoureux, l’aimant, est « féminisé non parce qu’il est « inverti » mais parce qu’il est celui qui attend ». Les deux cette confusion linguistique qui conduit abusivement à prétendre expertiser en la matière, je ne vois pas pourquoi en tant que citoyen je devrais m’opposer au mariage des homosexuels. Pour moi cette revendication culturelle, comme celle de l’homoparentalité, se révèle plutôt comme le symbole d’une révolution des mœurs. Cela veut dire que le mot « couple » ou le mot « parent » sont en train socialement de changer de sens, comme ils ont d’ailleurs changé de significations au cours des siècles précédents et selon les structures de parenté des sociétés.
de transactions sociales et symboliques et il est évident que tout changement en la matière confronte à des problèmes éthiques. Simplement, ces problèmes éthiques, voire bioéthiques, ne doivent pas demeurer une affaire de spécialistes, faute de quoi on fabriquerait de l’imposture, mais que leur traitement doit faire l’objet de débats citoyens. Si nous voulons réinventer de nouvelles façons de vivre ensemble et de traiter ces problèmes éthiques, il est nécessaire de réhabiliter la parole, le débat et le récit des expériences de vie. Après quoi on pourrait toujours procéder à un référendum. Cela me parait d’autant plus indispensable que le système technicien aujourd’hui, accouplé à la religion du marché, menace l’humanité dans l’homme.
http://www.psy-luxeuil.fr/article-homosexualite-et-psychanalyse-pour-mettre-les-choses-au-clair-115245066.html
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